Pierrot est assis à la table,
Il est dans son livre d’image,
Il ne dit rien mais il voyage,
Il rêve qu’il écrit sur le sable,
De ses petits doigt malhabiles,
Il essaie de former des lettres,
Fait l’esquisse d’un crocodile,
Puis regarde par la fenêtre,
Dans le ciel passent des nuages,
Alors il écrit paradis,
Peu de printemps comptent son âge,
Mais il est tout abasourdi,
Il voudrait bien avoir des ailes,
Pour rejoindre les oies sauvages,
Et s’envoler à tire-d’aile,
Découvrir de lointains rivages,
Il a la fibre de l’espace,
Voudrait voler comme un oiseau,
Chaque fois que la tribu passe,
Il veut les rejoindre là haut,
Traverser les jolis nuages,
Les voir en v dans leur exil,
Un peu comme des chevaux sauvages,
En liberté lui semble t-il,
Pierrot ferme son livre d’images,
Il sait déjà qu’elles reviendront,
Après un épuisant voyage,
Pour nicher dans les environs,
En v dans un vol éperdu,
Le cri puissant l’aile sifflante,
Sous les nuages le cou tendu,
C’est une image qui le hante.